Orientation. Le cru 2010, Blog, Histoires d’Universités, Le Monde, 23 février 2010

Publié le par Echos des Préaux

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Rapport 2009 du délégué interministériel à l’orientation (voir ci-dessous) (73 pages, y compris les annexes).

Le délégué, Bernard Saint-Girons, ancien 1er vice-président de la CPU et ancien recteur d’académie, est désormais “placé auprès du Premier ministre (loi du 24 novembre 2009), chargé d’établir les priorités de la politique nationale d’information et d’orientation scolaire et professionnelle, d’établir des normes de qualité pour sa mise en oeuvre et de remplir une mission d’appui, de coordination et d’évaluation de cette même politique au plan national et régional”. Le rapport prend en compte l’objectif fixé par la loi sur l’école de 2005 : porter à 50% le taux de jeunes obtenant un diplôme de l’enseignement supérieur : “ouvrir aux bacheliers professionnels des perspectives de poursuite d’études en développant une offre de formation adaptée, qui leur permette d’accéder à la certification”. “Offre de formation adaptée”, et encore ?

J’ai l’habitude, sur ce blog, de me gausser du serpent de mer de l’orientation, des nombreux rapports qui lui sont consacrés (le rapport Saint-Girons est le 3ème produit en 2009 après celui du Conseil d’orientation pour l’emploi et celui de Richard Descoings). Le rapport du délégué interministériel n’échappe pas à ma critique car ses propositions doivent “se couler” dans deux contraintes : l’absence de sélection à l’entrée de l’université est une règle à respecter (seule une “orientation active” est possible) ; l’offre de formation en 1ère année d’enseignement supérieur est ce qu’elle est et “il faut faire avec”. Le rapport note cependant qu’il y a là un problème : il mentionne les “arcanes de la formation” et la nécessité de “donner aux personnels des lycées les moyens d’exercer leur mission d’orientation en améliorant leur connaissance de l’enseignement supérieur et en mettant à leur disposition des informations détaillées sur les parcours de formation et l’insertion professionnelle de leurs anciens élèves” (page 50).

L’orientation des élèves de lycée serait extrêmement facilitée si étaient créés des Instituts d’enseignement supérieur, proposant deux filières de licence, une filière disciplinaire préparant aux études de master, voire de doctorat, et une filière professionnelle conduisant au marché du travail après l’obtention de la licence professionnelle (chronique : “Le cycle Licence“). Puisque Saint-Girons ne peut faire de propositions en ce sens, il est obligé, sachant très bien les limites actuelles de l’orientation et son coût énorme (coûts directs - salons, journées “Portes ouvertes” - et indirects - le temps passé par un grand nombre de personnels), de ne faire que des propositions admissibles, en fait des propositions qui ressemblent fort à du raccommodage d’un système essoufflé. C’est lui, par exemple, qui propose, dans son rapport, de créer un Portail spécifique pour l’orientation active (chronique du “Qui ? Quoi ? Où ?” : “Portail Orientation ?“).

Le délégué interministériel ne manque pas d’idées : 29 propositions pour renforcer l’orientation active, classées en 4 objectifs (pages 49 à 51 du rapport). 29 ! Rien que ça ! Où sont les priorités ? Objectif 1. Faire de l’orientation active un processus continu, inscrit dans la durée et comprenant plusieurs étapes. Puisque l’offre de formation supérieure est complexe et pour tout dire illisible, il faut que les élèves s’y mettent plus vite et y passent plus de temps (c’est d’ailleurs un des points de la réforme du lycée).

Saint-Girons émet donc deux propositions qui sont le type même de la “fausse bonne idée” : “mettre à disposition des élèves à partir du mois de janvier de l’année de première une application dédiée au dialogue avec les acteurs de l’enseignement supérieur permettant de transmettre, au cours du premier trimestre de l’année de terminale, un dossier individuel de demande de conseil à l’université”… “Situer, en octobre/novembre de l’année de terminale la demande de conseil à l’université,… afin de la distinguer clairement de la procédure de pré-inscription et de ménager à l’élève une période de réflexion avant la saisie de ses voeux dans “Admission post-bac”.

Le lycéen serait donc forcé de penser de plus en plus tôt à son orientation. Halte à la dictature du projet professionnel à cet âge ! Le plus important pour le lycéen est de travailler et de réussir ses études. Le forcer à penser à son orientation parce que la 1ère année d’enseignement supérieur est complexe et illisible, c’est “mettre la charrue avant les boeufs”. Il faut d’abord révolutionner cette année avant de penser à réformer l’orientation !

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