L’orientation reste à définir (lechorépublicain.fr)

Publié le par Echos des Préaux

RoseDesVents26/06/12 - 06h07

L’orientation reste à définir

Forum de la création reprise et de la jeune entreprise par la Fédération française de la franchise-Clermont-ferrand le 22 Juin 2012 Photo: Th NICOLAS

Créer un « grand service public de l’orientation » risque fort de rester un serpent de mer. Et ce n’est pas plus mal.

Un numéro de téléphone recueillant une centaine d’appels mensuels, un site web et des « labels » attribués à des territoires. Voici à quoi ressemble le « grand service public d’orientation » promis voici cinq ans, si l’on en croit le rapport remis à Jean-Marc Ayrault par Jean-Robert Pitte, ex-patron de la Sorbonne et ci-devant délégué interministériel à l’orientation. L’engagement et le volontarisme de ce dernier ne sont pas en cause : tant que le mot « orientation » n’aura pas été clairement défini, toute tentative unificatrice restera vaine. Et c’est sans doute mieux ainsi.

La première ambiguïté puise ses racines dans l’histoire même de la notion d’orientation. Elle émerge d’abord comme instrument technocratique de gestion des flux de travailleurs peu qualifiés ou, aux États-Unis, immigrés. Souci de rationalisation, ancrage dans le monde du travail. Il reste de nombreuses traces de cette histoire, exprimées notamment par l’obsession de « l’orientation métiers » exprimée par nombre d’acteurs – notamment certaines collectivités territoriales. Indispensable pour orienter au mieux les jeunes qui montrent peu d’appétence pour les études, elle cesse d’être opérante au lycée général et, dans une certaine mesure, technologique, où les jeunes et les familles raisonnent avant tout en termes de filières et d’études.

Ici réside une deuxième ambiguïté : laisser croire aux jeunes qu’ils vont « s’orienter ». Outre le poids, incompressible, des histoires et références familiales, l’orientation scolaire est avant tout le fruit des décisions prises par les enseignants lors des conseils de classe. Ont-ils toutes les informations en main, tant sur le jeune que sur les métiers et les voies, aujourd’hui formidablement variées, qui y mènent?? Rien n’est moins sûr. Ce qui est certain, en revanche, c’est que la place du « projet personnel », que l’on demande pourtant au jeune de bâtir, sera à peu près inexistante - les jeunes ne sont pas là lors de ces conseils de classe, pas plus que leurs parents, et l’examen de chaque « cas » ne prend que quelques minutes.

Dans un monde idéal, les conseillers d’orientation psychologues devraient résoudre l’équation et effectuer la synthèse entre orientation professionnelle et orientation scolaire. Ils ne le peuvent pas : leurs rangs ont été décimés.

Synthèse
entre orientation professionnelle et orientation scolaire

C’est là une troisième ambiguïté du discours sur l’orientation : faire comme si la création de numéros de téléphone et de sites Internet pouvait remplacer l’inlassable travail de maillage territorial, de médiation, entre acteurs aux intérêts parfois contradictoires, du moins si l’on souhaite que le nécessaire souci de l’orientation professionnelle n’écrase pas la non moins nécessaire exigence d’amener plus de bacheliers dans des formations supérieures – problème bien connu dans la région Centre.

L’idée d’un « grand service public de l’orientation » avec « guichet unique » était vouée à l’échec. Coordonner les acteurs et lever les ambiguïtés du mot « orientation » en le qualifiant constituent en revanche des pistes fécondes. Les cinq années écoulées auront eu la vertu de le confirmer, fut-ce involontairement.

http://www.lechorepublicain.fr/dossiers/2012/06/26/lorientation-reste-a-definir-1207697.html

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