"C’est pas normal que le week-end, ça soit fermé", a déclaré le chef de l'Et

Publié le par Les Échos des Préaux

Accompagné du ministre de l’Education, Xavier Darcos, Nicolas Sarkozy s’est discrètement invité mercredi dans un lycée de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) à une réunion de travail des personnels avec le directeur de Sciences-Po Paris, Richard Descoings. Comme à son habitude, le Président s'est laissé aller à préconiser une de ses idées qui laisse pantois: «Il faut qu’on accepte cette idée que le lycée doit être ouvert en dehors des strictes heures de cours. C’est pas normal que quatre mois de l’année en comptant les vacances, ou cinq mois, ça soit fermé. C’est pas normal que le week-end, ça soit fermé», a déclaré ce mercredi le chef de l'Etat.
Viviblement, M. Sarkozy ,n'a qu'une idée très approximative du fonctionnement d'un lycée en ce débaut de XXIè siècle. Après s'être fait le chantre de la "sanctuarisation" des établissements scolaires, le voilà qui propose de les ouvrir à tout vent !  Le Ministre comme M. Descoings ont dû bondir sur leur chaise en entendant une telle proposiotion ! Il faut se faire à l'idée que dans un pays "moderne" comme la France, le bon vouloir du Président tient lieu de politique éducative, comme dans d'autres domaines d'ailleurs. ce sont les charmes de la Vè République qui fait consensus en France.
Pour qui travaille dans un lycée, cette proposition est totalement inepte et vide de sens. Les bâtiments et les personnels chargés de leur entretien ne dépendent pas du MEN mais des régions. Certains lycées ne disposent même pas d'infrastructures sportives et lorsqu'elles leur sont prêtées par une commune, des cours d'EPS sont annulés par décision de la municipaluité qui a elle-même des besoins. Est-il besoin de poser la question de l'encadrement des élèves alors que la majorité au pouvoir depuis 2002 supprime des postes tous les ans ?
Les lycéens ont-ils le désir de passer leurs vacances au lycée ? Rien n'est moins certain ! Faut-il suggérer au Président que la vie sociale d'un lycéen ne se réduit pas à sa fréquentation du lycée ? Qu'il existe ce qu'on appelle le groupe des pairs dont l'importance dans son exstence est fondamentale ? Que les élèves ont des activités sportives et culturelles en dehors de l'établissement ? Il existe aussi une vie après ou en dehors de l'école !
Faut-il avoir la cruauté que, sans citer les statistiques des pratiques culturelles, même la pratique sportive est corrélée au niveau d'études et de revenus ? Voilà une question qui devrait rentenir son attention !
Faut-il enfin évoquer la réalité de la vie quotidienne d'un lycée, aux antipodes de la vision du Président. Faut-il lui expliquer que des élèves de seconde ne se présentent pas à l'aide individuelle de français et de mathématiques, parfois d'ailleurs avec la caution parentale ? Faut-il lui dire que les élèves absentsités sont signalés à l'IA et que par conséquent ... ils continuent à s'absenter et à être inscrit dans le même lmycée ? Faut-il l'informer que dans une classe de 1ère ES, pourtant ne posant pas de problèmes particuliers - certains élèves ont eu au 3è trimestre 13, 27, 39 ou  47 demi-journées d'absences non justifiées ?
La vraie question de l'autonomie des lycéens qui est à  construire ne risque pas de trouver une réponse par de telles affirmations péremptoires.
Bref, les praticiens de l'éducation ne naviguent pas dans le même monde. Si la politique éducative de la France n'est plus que de la communication alors les familles et les élèves ont des raisons d'être encore plus inquiets qu'ils ne le sont.























Stats-Info, Bulletin de statistiques et d’études
, N° 05-05, Novembre 2005

Publié dans Billets d'actualité

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article